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Funéraires : le secteur public accusé de concurrence déloyale

•Le marché, très atomisé, devrait se concentrer.•Les acteurs privés dénoncent la concurrence déloyale d'opérateurs publics.

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Par Martine Robert

Publié le 31 oct. 2014 à 01:01

Calendrier oblige, à l'approche de la fête des Morts, le 2 novembre, au lendemain de celle de la Toussaint, l'UFC-Que Choisir interpelle les pouvoirs publics sur la non-transparence des services funéraires et les abus qui persistent dans leur tarification. Pour autant, le marché poursuit sa mutation, portée par la diversité des acteurs en présence et par l'évolution de la demande. « C'est une mutation sans précédent que nous vivons », observe Philippe Martineau, fondateur et directeur général du Choix Funéraire, l'un des premiers opérateurs du secteur .

« Qui aurait pu penser, il y a quelques années, qu'une cérémonie pourrait être suivie en streaming grâce à Internet ? Qu'une chambre funéraire pourrait être gérée avec des outils domotiques en milieu rural, là où il serait trop coûteux d'y affecter un salarié ? », ajoute le dirigeant. Ou encore que la crémation, déjà choisie pour 30 % des décès, pourrait en concerner 50 % en 2025. Sans compter que l'inhumation elle-même est de plus en plus personnalisée. Comme en témoigne, par exemple, la déclinaison de couleurs et de design possibles pour le marbre des pierres tombales.

Retour en force des régies

En regard de ces bouleversements, l'organisation des services d'obsèques peut paraître à certains archaïques. Attribuée aux communes en 1904, leur monopole est supprimé en 1993, les acteurs privés profitant de cette libéralisation. Mais, vingt ans après, les communes, prétextant la défense des consommateurs, reviennent en force via les régies municipales, les sociétés d'économies mixtes ou les sociétés publiques locales.

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Au point que le patron du Choix Funéraire crie à la concurrence déloyale et réclame l'ouverture d'une enquête parlementaire. « Bien introduites dans le secteur parapublic, les maisons de retraite, les hôpitaux, ces structures en profitent pour capter les clients », s'insurge Philippe Martineau. Si elles ne pèsent que 8 % à 9 % du marché, « leurs positions locales sont inacceptables. Ainsi, à Grenoble, la SEM a 80 % du marché, à Brest 75 %, à La Rochelle et à Tours 70 %, à Paris plus de 50 % », note le dirigeant.

Jean Ruellan, directeur marketing du groupe leader du marché, OGF, renchérit : « Ce sont parfois de vrais monstres, affublés de noms qui sèment la confusion, tels Les Services funéraires de la Ville de Paris, qui donnent à croire qu'il s'agit d'un service municipal. Les opérateurs privés ont consenti de lourds investissements et ont des obligations de résultat; ce type d'acteurs n'en a pas. »

Mais les cartes pourraient encore être rebattues car le secteur demeure attractif, démographie oblige. En témoigne le lancement d'AlteRriva sur le segment haut de gamme (lire ci-contre) ou encore l'omniprésence des fonds de pension. Ainsi le groupe OGF, qui s'adjuge le quart d'un marché (lire ci-contre), passe de fonds d'investissements en fonds d'investissements depuis 2004, jusqu'au russe Pamplona, actuellement. Son PDG, Philippe Lerouge, est depuis quatorze ans aux commandes pour asseoir sa suprématie. Ses challengers, l'urbain Roc-Eclerc, réseau de franchisés racheté à la société de capital investissement Argos Soditic en 2012 par le fondateur de Grand Optical Daniel Abittan, et le Choix Funéraire, coopérative davantage implantée en milieu rural, réalisent chacun un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros. Et le secteur devrait continuer à se concentrer par le biais de groupes déjà prestataires des collectivités locales, à l'instar de la Saur, distributeur d'eau, entrée dans le business des crématoriums.

Martine Robert

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