Plan Innovation Santé : le président Macron annonce la création de seize pôles d’excellence

Le chef de l’Etat a lancé la création, mardi 16 mai, de douze instituts hospitalo-universitaires et de quatre « bioclusters », des structures regroupant une masse critique d’équipements et de chercheurs, avec l’objectif de renforcer la compétitivité et l’attractivité de la recherche française en santé.

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Publié aujourd’hui à 13h00

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Emmanuel Macron visite le laboratoire de l’Institut Curie, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), le 16 mai 2023.

Maladies neuro-vasculaires, respiratoires, hépatiques ou auto-immunes, tumeurs solides, leucémies et cancers féminins, affections neuro-pédiatriques, troubles de l’audition, pathologies liées au grand âge, VIH et chocs septiques : c’est une litanie d’affections qu’Emmanuel Macron a égrenées, mardi 16 mai, lors de son déplacement à l’Institut Curie. Soit autant d’aires thérapeutiques auxquelles se consacreront les douze lauréats d’un appel à projets de pôles d’excellence, annoncés par le chef de l’Etat. Tous sélectionnés par des jurys internationaux indépendants, dans le cadre du plan Innovation Santé lancé par le gouvernement en juin 2021 – l’un des volets du plan France 2030.

Ces pôles d’excellence, ce sont les instituts hospitalo-universitaires (IHU). Des centres conçus en 2009-2010, dans le cadre des « investissements d’avenir » alors lancés par le président Sarkozy, afin de rapprocher les activités de recherche et de soins au sein de certains centres hospitaliers universitaires, de favoriser le développement de la filière industrielle biomédicale, de promouvoir la compétitivité et l’attractivité de ces sites, et, surtout, de convertir les avancées de la recherche en des progrès cliniques.

Les douze projets d’IHU nouvellement créés, répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain, seront financés à hauteur d’un peu plus de 300 millions d’euros par l’Etat. Ce sont « de formidables espoirs pour nos patients , a déclaré Emmanuel Macron, des terrains d’expérimentation de nouvelles modalités de soins et de prévention, ainsi que des viviers de partenariats ambitieux entre industriels, chercheurs et cliniciens ».

Thérapies cellulaires

Cinq de ces IHU recevront chacun de 30 millions à 40 millions d’euros de l’Etat : un projet sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux et des démences, à Bordeaux ; un projet sur les cancers difficiles à traiter, sur la réduction des toxicités liées aux traitements et le développement de médicaments en oncologie, à Villejuif (Val-de-Marne) ; un autre sur les troubles de l’audition, à Paris ; un autre encore sur les chocs septiques (des infections généralisées entraînant une défaillance des organes), à Garches (Hauts-de-Seine) ; un autre, enfin, sur la médecine de précision contre les leucémies, à Paris.

Cinq autres IHU seront dotés de 20 millions d’euros chacun. L’un d’eux, à Paris, est consacré aux cancers féminins, les quatre autres l’étant respectivement aux maladies du foie, à Lyon ; aux maladies pulmonaires liées à la pollution et à l’âge, à Nice ; aux thérapies cellulaires et aux immunothérapies contre les infections par le VIH, à Montpellier ; aux troubles du neurodéveloppement, à Paris. Enfin, deux projets d’IHU émergents recevront 5 millions d’euros : l’un sur la prévention des troubles liés à l’âge, à Toulouse ; l’autre sur les maladies inflammatoires de l’intestin, à Nancy.

Ces IHU visent à pallier certaines faiblesses de la recherche française en santé. En février 2022, le Sénat pointait ainsi « un pilotage déficient » , et « des financements fractionnés et insuffisants ». Six IHU avaient pourtant déjà été créés en 2009-2010, et un septième en 2018. Un « modèle original ayant fait la preuve de son efficacité » , notait le Sénat. Pour autant, leur nombre était jugé « insuffisant pour que leur impact sur la recherche biomédicale française soit perceptible », soulignait le groupe de réflexion Terra Nova en janvier .

Partenariat public-privé

Mardi 16 mai, M. Macron a aussi annoncé la création de quatre « bioclusters », des sortes de « super-IHU » regroupant une masse critique encore supérieure de structures et de forces. Avec quatre priorités : les maladies infectieuses émergentes et la résistance aux agents antimicrobiens, à Lyon ; le développement de candidats médicaments contre le cancer, les maladies auto-immunes et infectieuses, à Marseille ; les thérapies géniques, à Paris-Saclay et à Evry ; la santé mentale, les affections neurologiques et les troubles sensoriels, à Paris. Un premier biocluster, dédié à l’oncologie sur le site de Paris-Saclay, avait déjà été lancé fin 2022.

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Au total, ces cinq bioclusters seront dotés de 400 millions d’euros. « Les collectivités viendront aussi, au côté de l’Etat, investir des sommes parfois, et souvent, importantes. Et les industriels s’engagent à cofinancer ces projets à plus de 100 %, voire à 200 % » , a expliqué Emmanuel Macron. Ces superstructures « sont la démonstration qu’il est hors d’âge d’opposer public et privé » en recherche en santé, qui agissent en « synergie », a relevé le chef de l’Etat.

« C’est un Tour de France de l’excellence de la recherche en santé que finance ainsi l’Etat , salue Philippe Froguel, de l’université de Lille et de l’Imperial College à Londres, et c’est le modèle de ce qu’il faut faire. » Mais une des limites de l’exercice, selon lui, tient à « l’incapacité de l’Etat à imposer une pérennisation des financements publics de certains projets d’excellence ». Une pérennité pourtant nécessaire, car, si le modèle initial des IHU prévoyait, à terme, leur autonomie financière, il s’agissait d’un postulat « assez éloigné de la réalité » , constatait le Sénat. Ni les contrats industriels ni les prises de brevet ne leur ont assuré des revenus suffisants.

Responsable du pôle santé à Terra Nova, Mélanie Heard est également favorable au modèle des IHU, mais elle s’interroge : avec douze IHU nouvellement créés – au lieu des six initialement prévus – à investissement égal, ne dévie-t-on pas du sens initial de ces structures, pensées pour remédier au saupoudrage des financements ? Par ailleurs, « il serait judicieux de rendre publics les rapports d’évaluation des jurys internationaux qui ont sélectionné ces projets » , estime la spécialiste des politiques de santé. Enfin, le nombre important de candidats à ces appels à projets illustre « le sous-financement général de la recherche en France » , regrette Mélanie Heard.

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