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Affaire de Bétharram : la chronologie des faits

Plus de 170 faits de violences psychologiques, physiques ou sexuelles ont été signalés par des anciens élèves de l’établissement catholique béarnais, couvrant plusieurs décennies. Voici les dates clés de la tentaculaire affaire de Bétharram.

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Publié aujourd’hui à 15h16, modifié à 15h20

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Le collège et lycée Le Beau Rameau (ex-Bétharram), à Lestelle-Betharram (Pyrénées-Atlantiques).

L’affaire de Bétharram est considérée comme l’un des plus grands scandales de pédophilie de l’histoire de l’éducation française.

Retour sur six décennies de violences physiques et sexuelles présumées au sein de l’institution Notre-Dame de Bétharram (rebaptisée Le Beau Rameau, en 2009), située dans les Pyrénées-Atlantiques, depuis les premières suspicions d’agressions sexuelles dans les années 1950, jusqu’à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences scolaires.

Cette commission, devant retracer la chaîne des responsabilités dans cette affaire, mais aussi identifier les défaillances au sein des services de contrôle de l’Etat dans tous les établissements scolaires, prévoit d’auditionner le premier ministre, François Bayrou, ancien ministre de l’éducation et parent d’élève de l’école.

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  • 1957-1961 1957-1961

    Des agressions sexuelles passées sous silence

    Le père Henri Lamasse, enseignant à Notre-Dame de Bétharram, se livre à des attouchements et des agressions sexuelles sur des élèves dans le dortoir de l’établissement, selon Jean-Marie Delbos, l’une de ses anciennes victimes présumées. Il tente de dénoncer ces actes auprès de la direction, mais il est menacé d’exclusion pour étouffer l’affaire. « On ne s’attaquait pas à des curés comme ça » , regrettera M. Delbos auprès de Sud Ouest .

  • Années 1970 à 1990 Années 1970 à 1990

    Un « régime de terreur »

    Des faits de violences physiques, morales et sexuelles sont commis dans l’établissement, principalement dans les années 1980 et 1990, selon les plaintes récentes de plus d’une centaine d’élèves , qui dénoncent le « régime de terreur » qui régnait à l’époque. Eric Veyron, élève entre 1979 et 1982, affirme au Monde avoir été victime de viol de la part d’un prêtre, et suggère que d’autres ont également été victimes.

  • 30 mars 1993 30 mars 1993

    François Bayrou, parent d'élève, nommé ministre de l’éducation

    François Bayrou est nommé ministre de l’éducation nationale dans le gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur. Il sera reconduit dans le gouvernement d’Alain Juppé à partir de 1995. Il quittera le ministère au printemps 1997. Il a des liens familiaux avec l'école Bétharram : sa femme y enseigne le catéchisme, son fils y est scolarisé.

  • 1995 1995

    Un parent d’élève qui veut alerter est démis de ses responsabilités

    En janvier, un élève de 14 ans reçoit une violente gifle assénée par le surveillant général, Marie-Paul de Behr. Son tympan est percé et il perd 40 % de son audition.

    En décembre, le même élève est laissé seul, en sous-vêtements, sur le perron de l'établissement, en guise de punition pour son chahutage. Son père, Jean-François Seris, vice-président de l’association des parents d’élèves, tente en vain de mobiliser les autres parents. Il est démis de ses responsabilités dans l’association par ses homologues et invité à « présenter ses excuses » en public.

  • Avr. 1996 Avril 1996

    Une plainte pour « coups et blessures » attire l’attention des médias

    Un parent d'élève, Jean-François Seris, porte plainte pour « coups et blessures volontaires » contre Marie-Paul de Behr, le surveillant général qui a frappé son fils. Ce dernier sera condamné à une amende de 5 000 francs avec sursis. La plainte et la présence dans la classe de la victime de Calixte Bayrou, fils du ministre de l'éducation nationale François Bayrou, attirent l’attention des médias, rélève un article du journal La République des Pyrénées exhumé par Mediapart .

  • 12-15 avr. 1996 12-15 avril 1996

    L’établissement blanchi par un rapport d’inspection express

    Face au tollé, un inspecteur de l’académie de Bordeaux se rend à Bétharram. Trois jours plus tard, il conclut dans un rapport de trois pages que « Notre-Dame de Bétharram n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés » . Selon l’inspecteur, tous les élèves qu’il a entendus vivent leur scolarité « très normalement » , « sans subir de châtiment corporel et dans un climat de confiance » , à l’exception d’un, « plus nuancé ». En 2025, il regrettera ne pas avoir enquêté davantage et estimera que son rapport « ne tient pas la route actuellement ».

  • Mai 1996 Mai 1996

    François Bayrou rassure sur la situation à Bétharram

    François Bayrou visite Bétharram à l’occasion de la restauration de la chapelle, en compagnie du ministre de la culture, Philippe Douste-Blazy. Il évoque pour la première fois publiquement les accusations de mauvais traitements visant l’établissement. « Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice. Ce n’est pas le ministre, ce n’est pas le parent d’élève qui parle, c’est le Béarnais » , déclare M. Bayrou. Faisant probablement référence au rapport d’inspection, il ajoute : « Toutes les informations que le ministre pouvait demander, il les a demandées. Toutes les vérifications ont été favorables et positives. Le reste suit son cours. »

  • Déc. 1997 Décembre 1997

    L’ancien directeur visé par une plainte pour viol sur mineur

    Une plainte accuse le père Silviet-Carricart d’avoir régulièrement violé un interne de 10 ans, en 1988, alors qu’il était directeur de l’établissement. Le juge d’instruction Christian Mirande est saisi. Le religieux est mis en examen en mai 1998 et incarcéré, avant d’être libéré au bout de quinze jours et exfiltré au Vatican, où il se suicidera un an et demi plus tard . Entre-temps, il avait été visé par une deuxième plainte d’un ancien élève pour des agressions sexuelles qui auraient eu lieu une douzaine d’années avant.

  • Printemps 1998 Printemps 1998

    François Bayrou rencontre le juge chargé de l'affaire

    Alors que le père Silviet-Carricart est en détention, l'ancien ministre de l'éducation François Bayrou rend visite fin mai ou début juin à Christian Mirande, le juge d’instruction chargé de l’enquête contre le religieux, selon le récit que ce dernier en a fait au Monde en 2024 : « Il s’inquiétait pour son fils alors scolarisé à Bétharram. Il disait qu’il ne pouvait pas croire que le père Carricart avait fait ce qu’on lui reprochait. » François Bayrou conteste la date et la teneur de cet entretien.

  • Nov. 2021 Novembre 2021

    La Commission reconnaissance et réparation entend des victimes de Bétharram

    La Commission reconnaissance et réparation (CRR), une commission indépendante, est créée pour entendre et dédommager les victimes de violences sexuelles commises par des membres d’instituts religieux. A ce jour , une quinzaine d’anciens élèves de Bétharram ont été à la fois entendus, reconnus comme victimes et indemnisés par la CRR.

  • Oct. 2023 Octobre 2023

    Des victimes se réunissent sur un groupe Facebook

    Alain Esquerre, élève à Bétharram entre 1980 à 1985, reconnaît dans le village de Lestelle-Bétharram le surveillant qui l’a brutalisé en 1985, qui est toujours employé par l'établissement scolaire. Le choc suscité par cette découverte l'amène à créer le 10 octobre 2023 le groupe Facebook « Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes alléguées de l’institution », sur lequel les témoignages de victimes se multiplient.

  • 1 er févr. 2024 1 er février 2024

    La justice ouvre une enquête contre « le goulag des Pyrénées »

    Vingt anciens élèves adressent des plaintes pour des violences physiques, des agressions sexuelles et des viols subis entre les années 1970 et 1990. Leur porte-parole, Alain Esquerre, décrit l’établissement comme « le goulag des Pyrénées » . Le parquet de Pau ouvre une enquête préliminaire .

  • Févr. 2025 Février 2025

    Plus de cent plaintes déposées, une affaire d’une ampleur inédite

    L’affaire Bétharram prend des proportions spectaculaires. Près d’un an et demi après la création d’un groupe Facebook d’anciens élèves, 114 plaintes ont été déposées pour des faits de violences physiques et sexuelles, et quatorze agresseurs présumés ont été identifiés. « C’est un dossier unique en France, au regard du nombre d’agresseurs » , relève Alain Esquerre auprès de 20 Minutes . En parallle, un signalement pour des violences sexuelles entre élèves en 2024 est porté à la connaissance des députés.

  • 18 mars 2025 18 mars 2025

    La commission d'enquête récupère un millier de documents

    Paul Vannier et Violette Spillebout, corapporteurs de la commission d'enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, créée en réaction à l'affaire de Bétharram, se rendent dans le Béarn, et notamment à l'établissement visé par les plaintes, aujourd'hui connu sous le nom Le Beau Rameau. Auprès des services de ressources humaines et juridiques, ils récupèrent près d'un millier de documents, ainsi que des archives d'infirmerie, jusque-là manquantes. Dans un courriel envoyé par inadvertance à Sud-Ouest , le diocèse refuse de « [se] laisser impressionner » par la presse et redoute que des prêtres encore en vie soient « mis en cause nominativement et leurs noms jetés en pâture » .

  • 20 mars 2025 20 mars 2025

    Début des auditions à l'Assemblée nationale

    La commission d'enquête sur les violences en milieu scolaire commence ses auditions. Les victimes de Bétharram seront les premières entendues. 175 plaintes ont été déposées auprès du procureur de Pau. François Bayrou fera également partie des personnes auditionnées, au titre de ses responsabilités locales et nationales dans les années 1990.

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